LA CONFESSION
Le temps est favorable. Depuis le 22 mai, nous pouvons reprendre des célébrations avec
assemblées et nous nous sommes organisés et équipés suffisamment pour pouvoir distribuer la
communion avec un minimum de risques. Beaucoup de catholiques ont exprimé leur attente
de la communion sacramentelle, leur lassitude d’en être privés, leur souffrance même de ne
pouvoir recevoir le Seigneur en ce sacrement. Il convient de préparer cette prochaine
communion et il convient de s’y préparer par la confession sacramentelle.
Beaucoup d’entre nous n’ont pas pu recevoir le pardon du Seigneur par la célébration du
sacrement de réconciliation depuis le début du confinement. Le Carême a passé sans la
confession pascale. Or, cette confession pascale est un élément structurant de la pastorale de
l’Église depuis ses commencements. Sous des formes qui ont varié mais dont l’essentiel est de
toujours à toujours, l’Église a voulu la quarantaine du Carême, non comme un temps de
confinement mais comme un temps de conversion et de purification, ce double mouvement
étant scellé par la confession sacramentelle. Il convient que chacun de nous soit dans la pleine
amitié de Dieu pour célébrer pleinement le Ressuscité : le Christ meurt pour nos péchés et
ressuscite pour notre vie. Il importe aussi que l’Église soit rénovée dans sa sainteté, c’est-à-
dire dans sa beauté, pour accueillir les nouveaux baptisés.
Alors, chers amis, chers frères et chères sœurs, bientôt vous allez pouvoir communier
sacramentellement et bientôt les catéchumènes de nos paroisses et de nos diocèses vont
pouvoir être baptisés. Libérons-nous de la poussière et de la saleté de nos péchés ;
contribuons, chacun pour notre part, à rendre l’Église, « belle, sans aucune tache » comme le
Christ veut se la présenter à lui-même afin qu’il puisse faire entrer dans son Corps les frères et
sœurs nouveaux, que le Père va lui donner par le baptême.
La Confession
Dans la grande tradition de l’Église, participer à la messe est déjà un acte suffisant. C’est
s’associer au sacrifice du Christ que le Christ Jésus met entre les mains de son Église pour
qu’elle ait quelque chose à présenter au Père, à la fois ce que Jésus a fait sur la croix et ce que
la puissance de l’Esprit de Jésus nous donne de faire, à chacun de nous. L’obligation
dominicale porte sur l’assistance à la messe, pas sur la communion. Non que celle-ci soit sans
importance ou secondaire, mais parce que déjà non pas assister mais participer à la messe est
sanctifiant. Nous y sommes comme membres du peuple saint, nous nous joignons à Abraham,
à Moïse, à Abel le juste, à Melchisédech, à Isaïe et Jérémie, et encore à saint Jean-Baptiste,
aux Apôtres, à saint Joseph, à Marie, la toute sainte, pour avancer vers le Père en nous laissant
intégrer dans le Christ Jésus en son Corps. Nous y offrons notre vie, tout notre être, tout notre
agir, en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu, pour qu’il fasse de nous « un seul corps et un
seul esprit dans le Christ, comme le dit la troisième prière eucharistique, ou « une vivante
offrande à la louange de sa gloire » selon les termes de la quatrième. La seule participation est
déjà une action qui, par la puissance de l’Esprit-Saint, nous unit au Fils envoyé par le Père
pour nous tirer de la mort et du péché et nous associe en lui à tous les autres, et cette action
sert « la gloire de Dieu et le salut du monde ». Nous intercédons : « Maintenant, Seigneur, par
le sacrifice qui nous réconcilie avec toi, étends au monde entier le salut et la paix ». Nous
demandons pour toute l’humanité le salut et la paix. Ce n’est pas rien. Pour le faire
pleinement, vraiment, il convient que nous ayons renoué notre amitié pleine et entière avec
Dieu.
Communier sacramentellement nous mène un pas plus loin. En nous avançant devant tous
pour recevoir le Corps du Christ, nous consentons publiquement à ce qu’il nous entraîne plus
loin dans sa charité, à ce qu’il nous unisse de plus près à l’acte par lequel il s’est donné lui-
même tout entier pour que nous vivions malgré tout. C’est pourquoi nous ne pouvons
approcher de la communion sacramentelle qu’en étant « en état de grâce », c’est-à-dire qu’en
étant dans l’amitié de Dieu, qu’en désirant de tout notre être nous laisser emmener un pas plus
loin dans la suite du Christ. D’où la convenance de se confesser régulièrement pour pouvoir
communier régulièrement : car c’est le sacrement du pardon qui nous remet en route avec le
bon cap, qui détache de nous ce qui nous écarte de Dieu, qui nous place à nouveau sur le haut
chemin de crête où Dieu vient à nous.
Nous n’aimons pas toujours nous confesser. Nous ne savons que dire dans l’aveu de nos
péchés : nos actes nous paraissent insignifiants. Ou bien au contraire nous ne savons que trop
ce qu’il faudrait dire et nous n’en avons pas envie car nous ne regrettons pas vraiment tel acte
ou parce que nous n’en avons que trop honte. Je ne vais pas répondre à ces obstacles un à un :
vous les connaissez assez bien. Permettez-moi d’ajouter juste ceci : il faut la puissance de
l’Esprit-Saint, de l’Esprit de Jésus mort pour nous et ressuscité pour notre vie pour que nous
puissions désigner notre péché. Se confesser n’est pas seulement une question de lucidité
morale : se confesse vraiment celui qui se laisse conduire par l’Esprit parce que le premier
don de l’Esprit est de nous rendre capables de nous détacher du mal que nous avons fait ou
que nous faisons en disant : là, j’ai manqué à ma dignité de fils ou de fille de Dieu. L’aveu
n’est pas nécessaire parce que l’Église ferait une enquête sur les mœurs ; l’aveu traduit notre
dignité de fille et de fils de Dieu que la puissance de l’Esprit-Saint rend capables de
reconnaître et de désigner leur péché, les actes par lesquels nous avons manqué à cette dignité.
Alors, frères et sœurs, chers amis, bonne confession, heureuse confession et alors vous
goûterez, en recevant sacramentellement le Corps du Christ, combien il vient à nous pour
nous dilater intérieurement et nous ouvrir et à lui et aux autres.
Mgr de Moulins Beaufort
20 mai 2020
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